BOOKS #33 : FORBIDDEN – TABITHA SUZUMA

« Maya et Lochan ne sont pas des adolescents comme les autres. Élevés par une mère alcoolique et instable, ils sont livrés à eux-mêmes et n’ont d’autre choix que d’élever seuls le reste de la fratrie. Forcés de devenir adultes plus tôt que prévu, ils se soutiennent dans l’adversité et finissent par tomber amoureux. Lochan se sent seul au monde, et Maya est la seule à pouvoir le comprendre. Conscient de la monstruosité de cet amour, Lochan est prêt à tout pour bâillonner le désir et les sentiments que sa sœur lui inspire. Mais comment résister alors que Maya a besoin de lui autant qu’il a besoin d’elle ? Est-ce un crime de s’aimer si fort ? »

Titre « Forbidden »
Titre VF « Notre Amour Interdit »
Auteur Tabitha Suzuma
Éditeur Random House / Definitions
Date de publication 2010
Genre Young Adult / Drame /
Romance / Contemporain
Nombre de pages 418 pages
Lu en VO / VF
Ma note 10/20

Bon… Par où commencer ?

Voilà bien plusieurs années que ce roman tourne partout sur Internet (YouTube et blogs littéraires). Chaque critique ne tarie pas d’éloges, comme un consensus, les lecteurs vantent cette histoire poignante et prônent le coup de cœur à tout va.
Il m’en fallait peu pour que je me décide moi aussi à succomber et autant vous dire que la barre avait été placée très haute.

Et pourtant… Ça ne l’a pas fait avec moi. J’en suis la première désolée parce que je n’ai pas su trouver l’intérêt que tout le monde semble porter à ce roman.
Aujourd’hui je vais donc tenter de vous expliquer pourquoi je n’ai pas aimé « Forbidden » de Tabitha Suzuma.

Tout d’abord il y a le sujet abordé : l’histoire d’amour entre un frère et une sœur. L’inceste quoi.
C’est vraiment un sujet épineux et je tire mon chapeau à l’auteure pour avoir osé écrire une telle histoire.
Mais malheureusement je n’ai pas pu passer au-delà du problème fondamental que posait cet amour.

Il m’a mis mal à l’aise, vraiment cette histoire aura provoqué une gêne constante que je n’ai pas su surmonter. Non je n’ai pas trouvé leur histoire d’amour belle et tragique, je l’ai surtout trouvé tordue (pas taper, hein !). Je n’ai pas compris comment deux adolescents pouvaient en arriver à raisonner de la sorte. Étant donné qu’ils ont grandis ensemble, c’était vraiment perturbant. À la limite, si les deux avaient grandis séparément, ne se connaissait quasiment pas et avaient plutôt un lien amical que fraternel, ça aurait pu passer. Mais là, c’était impossible à envisager pour moi.

Alors certes, vous me direz « Oui, mais ils n’ont pas une vie facile, ils ont plus un rôle de parents dans l’histoire que celui de frère et sœur ». Oui d’accord mais là encore, leur contexte familial ne sert finalement que de prétexte à leurs sentiments naissants. À mes yeux, rien ne justifie cet inceste (appelons un chat un chat).

Vous allez peut-être penser que j’ai l’esprit fermé. Je peux vous assurer que je suis une personne ouverte d’esprit en règle générale, seulement il y a des sujets qui demeurent incompréhensibles.

Cela dit je ne pense pas que le propos de ce roman soit de nous faire accepter une telle forme d’amour, ni de cautionner l’inceste. Je pense plutôt que l’auteure a voulu nous sensibiliser davantage sur les conditions de leur relation et nous rendre plus ouvert d’esprit. Je peux comprendre la démarche mais j’y serais, malheureusement, restée insensible.

Ça m’arrive très peu finalement, rester insensible. Je suis habituellement tout l’opposé : hypersensible.
À cette lecture je serais restée hermétique également aux personnages. Ni Maya ni Lochan n’aura su me faire vibrer. Lochan est un adolescent que j’ai trouvé dérangé et toujours dans l’extrême. C’est soit tout noir, soit tout blanc avec lui, il vacille sans arrêt entre moments de plénitude et périodes de profondes dépressions. Ses sautes d’humeur ont plutôt eu vocation à m’agacer. Quant à Maya, une adolescente banale, normale sous tous rapports (du moins en public). Je ne l’ai pas trouvé plus sympathique que ça.

Je peux néanmoins reconnaître que c’est très bien écrit, là-dessus il n’y a aucun soucis, on rentre directement dans l’histoire, c’est fluide. L’auteure a une belle plume. Et les personnages m’ont toutefois semblé crédibles.
Mais je pense (au risque de rabâcher) que le sujet principal a pris le dessus sur toutes les intrigues secondaires et aura été néfaste à ma lecture.

Avec « Forbidden » il me semble que c’est le genre de lecture sans demi-mesure : soit on aime, soit on déteste.

Bon, détester est un mot assez fort mais disons que je suis loin (très loin) du coup de cœur. J’en avais tellement de grandes attentes suite à tous les éloges que j’ai pu entendre sur le roman que la déception en fût à la hauteur. Dommage.

Je préfère prévenir aussi : ce roman n’est absolument pas à mettre entre toutes les mains ! Déjà, à cause de son sujet sensible, mais aussi parce qu’il comporte des scènes de sexe explicites, ainsi qu’un final très choquant. Un public averti (à partir de 16 ans je dirais) est fortement conseillé.

Voilà, je pense avoir fait le tour de ce que j’avais à dire suite à ma lecture de « Forbidden ». J’espère n’avoir rien oublié.

Je suis maintenant curieuse de connaître votre ressenti si toutefois vous l’avez lu.

Avec cette lecture déroutante, je peux désormais dire que je sais sortir de ma zone de confort, pas toujours suivi d’un succès mais je ne regrette pour autant pas de m’y être plongé. Et ça aura au moins eu l’intérêt de me prouver que parfois, être à contre-courant, ça n’a rien de dramatique. C’est aussi ce qui est beau avec la lecture, chaque lecteur vit sa propre expérience et même si la grande majorité plébiscite un roman, cela ne veut pour autant pas dire que vous devez absolument l’apprécier vous aussi.